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Publications de la Société des Amis de Victor Hugo

La Société des Amis de Victor Hugo publie un bulletin annuel, L’Écho Hugo, qui s’efforce de rendre compte de la diffusion de l’œuvre de Victor Hugo en France et dans le monde sous toutes ses formes

– publications des textes ;

– éditions critiques et annotées ;

– lectures ou récitals, représentations des pièces de théâtres, sur les scènes, les ondes ou les écrans ;

– expositions ;

– mises en musique (mélodies, chansons) ;

– adaptations (films, opéras, spectacles musicaux);

– évocations de la vie et de l’œuvre (théâtrales, cinématographiques, télévisuelles, radiophoniques) ;

– essais, biographies ;

– colloques, conférences…

On peut y lire aussi des entretiens avec celles et ceux qui éditent Hugo, écrivent à son propos, le mettent en scène, l’adaptent, le jouent, et des contributions originales.


L’Écho Hugo n°20 (2021) : sommaire

Consulter, à titre de spécimens :

L’Écho Hugo n°8 (2008-2009) : Première partie / Deuxième partie

Découvrez également le reportage réalisé par Danièle Gasiglia Victor Hugo chez Tolstoï

L’Écho Hugo n°5 (2005) : L’Echo Hugo n°5

L’Écho Hugo n°2 (2002) : L’Echo Hugo n° 2

Pour commander un numéro de l’Écho Hugo, ainsi que pour tout renseignement concernant le bulletin merci de contacter la Secrétaire de la Société., Danièle Gasiglia, 7 place Salvador Allende, 94000 Créteil ; amis.victor.hugo@gmail.com

Lettre d’Adèle Foucher à Victor Hugo du 13 août 1822

Adèle Foucher, âgée de 18 ans, écrit à son fiancé Victor Hugo, âgé de 20 ans.

Leur mariage sera célébré le 12 octobre 1822 à Paris, dans la chapelle de la Vierge à l’église Saint-Sulpice.

Adèle semble comparer défavorablement sa famille à Victor, dont elle pressent probablement le génie. Une fois encore, elle se plaint des reproches de sa mère, toujours jalouse de l’amour de sa fille pour le jeune homme. Exagère-t-elle ? N’y aurait-il pas surtout chez Mme Foucher la tristesse de voir son enfant devenir une femme et lui échapper ?

© Danièle Gasiglia-Laster

Vidéo avec un extrait de cette lettre interprétée par une membre de la Société des Amis de Victor Hugo.

Lettre reçue le 13 août 1822

« J’ai passé une bien mauvaise nuit, mon Victor ; j’ai rêvé de bien tristes choses. Mais ce n’était qu’un rêve, car, sans cela je ne vivrais pas. Cher ami, n’est-ce pas que tu n’aimeras jamais que moi ?

Je viens d’être grondée ; maman ne m’aime plus ; je n’ai que toi, mon Victor ; maman m’a dit que je n’aime plus personne que toi, que je déteste Paul. Elle m’en veut beaucoup. J’avoue que, ne sachant pas dissimuler, tout le monde peut s’apercevoir que je juge ma famille d’après une personne que j’estime, que j’aime par-dessus tout. Toutes les actions de mon entourage me paraissent, en comparaison des tiennes, tellement en-dessous, qu’elles ne peuvent pas soutenir la comparaison. Qu’ai-je dit, mon ami ? Crois que, cependant, après toi, je ne vois rien de comparable à mes parents, que je les estime ; je sais tout ce que ma bonne mère a fait pour moi ; qu’elle a sacrifié ses veilles, tout au monde pour sa fille, qu’elle aurait donné mille vies pour me sauver un douleur ; et moi, fille ingrate, j’aime mon Victor tant de fois plus qu’elle que je ne saurais le dire.

Maman me disait, l’autre fois, qu’elle avait l’âme triste, que les soins qu’elle avait donnés à sa fille n’avaient point été sentis, et elle me dit :

– Qui te dit que M. Victor ferait pour toi ce que j’ai fait ?

– Parce que, lui répondis-je, j’en ferais davantage pour lui.

Cette réponse m’a échappé, elle était dure pour maman et je m’en suis repentie ; mais j’ai dit ce que je pensais.

Quelquefois, je songe qu’un instant peut tout changer et que cette personne pour laquelle j’ai tout oublié ne sera peut-être pas toujours de même. Je pensais cela de toi, mon Victor, et j’étais bien coupable, n’est-ce pas ?

Mais j’ai promis de ne te rien cacher. Car, si tu changeais, sur qui pourrait-on compter ? De tout ce qui doit quitter cette terre, tu es le seul être sur lequel je fonde tout ce qui fait vivre, tout mon bonheur. »

Sélection de lettres entre Victor Hugo et Adèle Foucher en 1822

Lettre de Victor Hugo à Adèle Foucher du 8 juin 1822

Victor Hugo, âgé de 20 ans, écrit à sa fiancée Adèle Foucher, âgée de 18 ans.

Leur mariage sera célébré le 12 octobre 1822 à Paris, dans la chapelle de la Vierge à l’église Saint-Sulpice.

Victor est consolé de son désespoir de l’avant-veille – le refus de sa fiancée de venir seule chez lui -, par la lettre tendre et aimante envoyée par Adèle. On apprend d’un aveu qu’il fait à la fiancée que sa mère lui a appris à ne pas extérioriser ses sentiments : il pleure rarement. Comme le fait justement remarquer Jean Massin, l’éditeur des œuvres complètes de Hugo au Club Français du livre, cette éducation a influé sur les textes de Hugo qui est « un des génies les plus pudiques et les moins spontanément effusifs ». Dans Les Contemplations, par exemple, recueil-tombeau de sa fille morte, l’émotion n’est jamais larmoyante et le prénom de la disparue n’est jamais prononcé.

© Danièle Gasiglia-Laster

Vidéo avec un extrait de cette lettre interprétée par Pierre-François Lamiraud.

Lettre intégrale de Victor à Adèle du samedi [8 juin]

« Ne te plains pas, mon Adèle, de la soirée d’avant-hier. Quoique je sente alors plus vivement que jamais les chagrins qui me viennent de toi, ce sont toujours de bienheureux moments pour ton Victor que ceux qu’il passe près de moi. Juges-en par l’empire absolu que la moindre de tes paroles exerce sur ton mari. Oh ! console-moi toujours ainsi, bien-aimée Adèle, des larmes que tu me feras verser. Je ne donnerais pas maintenant pour le bonheur des anges la douleur à la vérité bien amère que tu m’as causée, puisqu’elle m’a valu une lettre si douce et des consolations si tendres. Chère amie, oui, cette douleur a été bien vive. Les larmes me font bien mal. Ceux qui pleurent aisément sont soulagés quand ils pleurent. Moi, je n’ai pas ce bonheur. Celles de mes larmes qui peuvent sortir sont celles qui me soulagent ; mais presque toutes me restent sur le cœur et m’étouffent. Une mère qui a prévu le cas où l’on est seul dans la vie, m’a accoutumé dès l’enfance à tout dévorer et à tout garder pour moi.

Pourtant, Adèle, il m’est bien doux de m’épancher en toi. Endurées pour toi, les fatigues et les souffrances ne me sont rien ; mais si je te vois quelquefois les deviner et les plaindre, alors, mon Adèle adorée, elles me sont chères et précieuses. Hélas ! n’as-tu pas pleuré aussi, toi, avant-hier ? Qu’est-ce donc que mes larmes ? O mon amie, combien les tiennes m’ont encore fait plus de mal ! Elles sont retombées douloureusement sur mon cœur, comme des remords. Pardonne-moi, va, je me hais bien. Adèle, que notre, que mon bonheur, serait grand si ce que disait aujourd’hui ta mère se réalisait ! Quel bonheur ! Ayons une confiance mutuelle en nous-mêmes et dans l’avenir. Adèle, n’est-il pas vrai que je serai bien heureux ? Comment ma femme peut-elle maintenant craindre de revenir dans ma tour ? Adèle, il faut que tu redoutes un bien grand danger pour me priver, moi, ton Victor, du plus grand bonheur dont il puisse jouir à présent. Consulte avant tout ton intérêt. Mon Adèle adorée, je ne t’adresserai plus une prière d’égoïste, mais j’aurai un bien vif chagrin. Adieu, je vais te voir dans quelques minutes, mais il m’est bien triste de penser que je ne serai pas près de ma femme dans le voyage à Gentilly. Hélas ! Mon Adèle bien-aimée, adieu ! Je veux que tu me dises que tu m’embrasses, je le veux, c’est-à-dire que je t’en prie. Adieu donc, embrasse ton mari, ton Victor. »

Sélection de lettres entre Victor Hugo et Adèle Foucher en 1822